1939-1943 PDF Imprimer
La Guerre de 39-45

 


Dès son installation à Marseille, le commandant du port allemand montre qu'il est le maître ; témoin cette carte postale représentant le commandant Von Fischer, découverte à la Libération dans la grande maison qu'il occupait, avenue Olympe.

 

Interdictions

Le 19 décembre 1942, il envoie à tout propriétaire de bateaux le communiqué suivant : "Est interdite toute circulation d'embarcation sur le Vieux-Port et dans le domaine portuaire de Marseille ; pour les propriétaires de yachts ou de bateaux de plaisance qui enfreindraient l'ordre, le feu serait ouvert sur eux sans avertissement préalable". (Document conservé par la famille Albenois-Brisson propriétaire d'une embarcation au Prophète).

Le couvre-feu immobilise la ville de 20 h à 4 h du matin.

L'occupant protège la colline d'un éventuel débarquement par   un rempart de béton de 2m de haut en bord de mer et des casemates ou  blockhaus munis de meurtrières dans les jardins des villas occupées, barre les rues avec des chicanes, des chevaux de frise.

 

 


Meurtrière dans le parc de la Villa Valmer

 

Ainsi de nombreux enfants partent vers des zones rurales moins menacées que les rives méditerranéennes. Ceux qui ne sont pas évacués trouvent dans les colonies de vacances l'occasion de mieux s'alimenter, le temps d'un séjour.


Mlle Ventujol organise en 1943 une colonie à Murat, dans le Cantal ; s'y retrouvent dans le "dortoir des grandes" d'anciennes élèves âgées de plus de 15 ans ainsi que les deux jeunes filles juives du magasin "Le Gaspilleur" .

 


Les écoliers et la guerre

Les effectifs des classes diminuent, les restrictions augmentent : plus de livres, peu de cahiers (un cahier, malgré une très mauvaise qualité, sert deux fois : comme cahier de brouillon avec écriture au crayon, puis comme cahier du jour en écrivant avec de l'encre).

Pour pallier aux carences de la sous alimentation, on distribue aux élèves d'infectes gélules marrons à base d'huile de foie de morue que les enfants recrachent le plus souvent dans leur cartable, et des comprimés roses acidulés, sucés comme des bonbons.

"Ils nous prennent tout"  disent les ménagères obligées de s'inscrire chez un seul fournisseur. L'occupant prend tout ce qui lui fait plaisir et ne laisse aux Marseillais que ce qui ne lui sert pas.
Il reste les légumes communs, épinards, rutabaga, oseille, rarement choux, carottes ou navets. La ration de légumes est en principe de 250g par jour et par personne. Les marchés sont inexistants.


Dans les quotidiens paraît ce communiqué :

 

  ATTRIBUTION DE VIVRES ROUMAINS
         AUX CANTINES SCOLAIRES

 

L'inspection académique communique :

Les premiers wagons de vivres roumains offerts aux enfants de France sont arrivés à Marseille. Les parents sont invités à faire inscrire leurs enfants aux cantines, afin qu'ils puissent profiter des dons qui seront donnés en supplément aux repas normaux servis.

 

La sous alimentation des écoliers est décrite par D A Lowrie dans le livre "Les Enfants Pourchassés"
   "Ces rationnements de nourriture affectaient les enfants plus que tous. Vous pouviez les voir dans les salles d'école peu chauffées portant leurs vêtements d'extérieur, enroulés d'écharpes, par dessus leurs tabliers noirs. La plupart d'entre eux n'avaient aucune nourriture entre leur petit déjeuner et leur retour à la maison, en fin d'après midi. C'est là que l'Association du Comité des Amitiés Américaines entreprit une importante opération : apporter un goûter au milieu de l'après midi pour environ un demi million d'écoliers dans les plus grandes villes. Ce Comité importait de Suisse et du Portugal la nourriture nécessaire à la poursuite de ce programme, des fruits secs, des légumes, du riz, du chocolat. En plus, dix mille enfants sous-nourris recevaient du lait et de la nourriture pour bébés.
    L'accroissement des demandes allemandes entraînait de nouvelles restrictions drastiques. Les cartes de rationnement devenaient une plaisanterie, riz et pommes de terre n'y étant pas mentionnés, étaient considérés comme n'existant pas !"