Paroisses et patronages Imprimer

Février 2000 N° 6

 


photo de communiante, 1917

 

 

L'abbaye St Victor, construite au pied de la montagne, par Jean Cassien au V° siècle, sur les sépultures des premiers chrétiens martyrisés, devient au XI° siècle couvent de bénédictins. Sur le sommet de la montagne, domaine de St Victor, s'élève une vigie. En 1214, maître Pierre, ermite, est autorisé à y construire une maison avec jardin et chapelle.

Devenue lieu de pèlerinages, la chapelle est fortifiée au XIV°s (ci-dessus), reconstruite au XV° , agrandie au XVI°, bien que l'accès en soit considéré comme difficile et dangereux. Au XVIII° siècle, lors de la sécularisation de l'abbaye, un prieuré y est établi. Enfin la basilique, symbole de notre ville, est inaugurée en 1864.


La montagne était domaine de St Victor jusqu'à la mer, un acte en date du 16 décembre 1636 le prouve : ce jour-là, en effet, l'abbaye donne l'investiture d'un immense terrain à Honoré d'Auriol. (en droit canon, l'investiture est la mise en possession d'un bien ecclésiastique).

 

La nef de St Cassien

 

 

 


 

LA PAROISSE ST CASSIEN

Le versant occidental de la colline de la Garde, hors des murs de la cité, est occupé au milieu du XIX° siècle par quelques rares cabanons et propriétés rurales. En 1848, le chemin de ceinture relie les plages du Prado au vallon de l'Oriol qui devient vite un petit village. Ses habitants demandent à l'évêque une église, car rejoindre l'abbaye de St Victor est une véritable excursion.
 
La chapelle inaugurée le 14 juillet 1853 (sur un terrain cédé par MM Pascal et Liotard) enregistre cette première année un mariage et cinq sépultures (dont trois célébrées à St Victor).
Erigée en succursale le 14 août 1854 par Mgr de Mazenod, la paroisse célèbre effectivement huit baptêmes, deux mariages, vingt-deux sépultures (conséquence de l'épidémie de choléra qui a sévi à Marseille cette année-là).

Un prêtre est détaché de la paroisse St Victor pour assurer le service curial de l'église dédiée à St Jean Cassien (360-435) en mémoire du premier abbé du monastère. Le 16 août 1854, l'empereur Napoléon III signe au château de Biarritz, la reconnaissance légale de la succursale (acte ci-dessous).

Le curé Honoré Convers confie l'agrandissement de l'église à Gonzagues Grinda. Cet architecte s'est beaucoup intéressé à l'église St Victor; il réemploie de façon libre et recherchée des éléments paléochrétiens ou médiévaux de l'abbaye dans l'adjonction des nefs et chapelles latérales de St Cassien. L'église achevée est consacrée le 3 mai 1882 par Mgr Robert.

Si l'autel, les grilles et les vitraux d'origine sont bien conservés, il n'en est pas de même pour certaines peintures qui ornaient les chapelles latérales et ont été enlevées.

En comparant la photo page précédente avec l'acte de Communion (page 6), on constate que des bancs, tous identiques ont remplacé chaises et prie-Dieu réservés aux plus fidèles paroissiens (une plaque de cuivre gravée à leur nom était fixée sur le dossier-accoudoir).

 


Documents et photos permettent de retracer
l'histoire de la paroisse St Cassien pendant un siècle et demi.
 
 
 Décret d'érection de la paroisse St Cassien
signé en 1854 par Napoléon III
et le ministre de l'Instruction publique et des Cultes


 






Carte postale tirée par Camille Raffin, pour parents et amis,
à l'occasion de la naissance de sa fille Joséphine.

En 1908, les photographes amateurs sont rares, les images des cérémonies de baptême inexistantes.


Carte postale de confirmation-1925.

La carte postale est un moyen commode pour informer parents et amis d'un événement familial : mariage, naissance, communion.

Les images religieuses les plus fréquemment données en souvenir d'un sacrement sont celles de 1° communion, rarement de baptême, confirmation ou mariage.

 


 

Au XIX° s, des dessins et gravures représentent les  communiantes sur les images données en souvenir de la cérémonie.

Ce sont de précieux témoins des vêtements portés alors par les fillettes et les jeunes garçons qui accédaient à ce sacrement.







 
Images, souvenirs de premières communions de 1921 et 1936,
représentations symboliques de l'Eucharistie et de l'ange gardien.
 
 
 

 
 
Des images marquent aussi la vie sacerdotale des prêtres : ordination, anniversaire d'ordination, décès.




L'abbé Castelin, curé de St Cassien, est nommé vicaire à la cathédrale; dynamique, ouvert aux méthodes nouvelles, il crée la 1° troupe scoute de Marseille au sein du patronage de la Major, puis est nommé aumônier du 15° groupe, à St Georges




Faits divers

1906 : suite aux lois de séparation de l'église et de l'état, un inventaire des biens des églises doit avoir lieu. Le 21 février, des incidents se produisent à Endoume; 2000 personnes regroupées devant l'église St Eugène protestent. Les "Apaches" entravent le travail des fonctionnaires chargés de l'inventaire. Un jeune homme est blessé au front. Les envoyés du gouvernement ne pourront faire leur travail que 2 jours après, et en catimini ! Fin février, l'inventaire peut être dressé à St Cassien.


Derrière St Cassien, la toile de fond "St Victor" peinte par M Ricard

1925 : 11 novembre, anniversaire de l'armistice. Dans l'église St Cassien, le monument aux héros tombés au champ d'honneur est béni par un missionnaire. M. Ricard a peint la toile de fond de la chapelle "il a su donner une belle expression au soldat mourant". Après l'office, la chorale de l'Avant-Garde chante la Marseillaise devant l'église.

1943 ; des inconnus pénétrant la nuit dans l'église du vallon de l'Oriol ont volé un carillon estimé à 1000 f M. le curé Ardouin a porté plainte au commissariat (Le Petit Marseillais du vendredi 5 mai 1943)


MARIAGE ET PHOTOGRAPHIE


Au début du XIX°s, la photo de groupe, travail de professionnel, reste le seul témoignage de l'événement; le photographe fait poser toute la noce; il ne prend pas de d'images de la cérémonie à l'intérieur de l'église ou même sur le parvis; les appareils des professionnels, à plaques sont lourds et difficiles à manipuler). Peu de particuliers, équipés d'un appareil à plaques pratiquent cet art.




Dans les années vingt, on photographie toujours la noce, mais les jeunes mariés se rendent aussi chez le photographe où ils posent longuement pour une photo en couple.
Après la 2° guerre mondiale, professionnels et amateurs fixent sur leurs pellicules toutes les étapes de la cérémonie religieuse et civile; c'est l'avènement du "reportage" photo auquel succède de nos jours le récit vidéo de la journée mémorable.










La communion de Fernande, Pierre et Marcel Delrieu.
La famille et ses voisins Raffin posant pour une photo, dans la campagne Bec (emplacement de l'actuel N°11 de l'impasse)
 

La communion de Joséphine Raffin en 1917.
La famille Raffin et ses voisins Delrieu photographiés dans la campagne Bec (sur l'emplacement de l'actuel 26 rue Rigaud)
 
 
 Les communiantes dans le jardin de la cure St Cassien, en 1919.
Rangée du milieu : 3°, Marie-Rose Gouiric (Fabre).5°, Yvonne Le Moal (Boulanger)
Rangée du bas : 2°, Marie Louise Béranger (Villa) 5°, Joséphine Raffin (Bonavia)


 

La Confirmation :

Sacrement confirmant la baptême par onction du saint-chrême

(mélange de 3 huiles béni et administré par l'évêque au cours d'une messe solennelle).

 

 





Photos de communiants.
Cartes postales de 1897-1917
 
 
 
Devant l'église St Cassien vers 1936.

 


Acte de communion du 24 mai 1939 (St Cassien)
 
 

Sur plusieurs extraits d'actes de baptême de la paroisse St Eugène, 1° novembre 1829 (ci-dessous), 2 juin 1859, 17 octobre 1875, on lit à la suite du nom des parents :"mariés en face de l'Eglise".


Avant la sécularisation de l'état civil (par décret du 20 septembre 1792, confirmé par la loi du 28 pluviôse An 3), les actes de naissance, mariage et décès étaient dressés par les curés dans les paroisses. La formule "mariés en face de Notre Sainte Mère Eglise" insérée par la suite confirme seulement le mariage religieux des parents.

 



Au dos de l'extrait ci-dessus daté du 5 avril 1866 est imprimé un avis essentiel. Il décrit en toute logique la nécessité et les conditions du sacrement des nouveaux nés, les exigences requises pour être parrain et marraine. Un paragraphe, cependant, pose une interdiction bien curieuse : "L'Eglise, qui s'occupe avec sollicitude, non-seulement du salut éternel de ces petits enfants, mais encore de la conservation de leur vie, défend rigoureusement aux mères et aux nourrices de les faire coucher avec elles, avant qu'ils aient un an et un jour, à cause des accidents fâcheux auxquels elles les exposeraient par cette imprudence."

 

 



FÊTES ET PROCESSIONS

relatées dans les bulletins de l'Avant Garde.

11 juin 1922 : après la messe et déjeuner à la hâte, gymnastes et musiciens en tenue se rendent à St Antoine de Padoue pour la bénédiction de la nouvelle église au Roucas Blanc. Ils font escorte à Mgr Champavier en jouant "Paris-Belfort" jusqu'à l'église. Au retour la musique obtient un grand succès tout le long de la rue Ste Eugénie et le Bd Bompard.

20 juin 1922 : procession du T. S. Sacrement à la propriété de M de Lachenais (château Talabot). Il y a la musique de l'Oratoire St-Léon. Vingt quatre enfants en costume d'anges remplissent les fonctions d'enfants de chœur. Sermon de Mgr Champavier. Une délégation de l'Avant-Garde porte le drapeau.

12 mars 1925 : tous les enfants du patronage se rendent à la campagne Gounelle pour la clôture de la mission St Eugène (Valmer).

26 mars 1925 : à cause du mauvais temps, le pèlerinage à N D de la Garde est renvoyé.

Fête de Jeanne d'Arc 1925 : si l'on n'a pas pu cette année faire le solennel cortège des années précédentes, on a du moins dans l'intimité acclamé la Pucelle et fait une sortie musicale dans le quartier.

31 mai 1925 : Pentecôte, les musiciens donnent une aubade à la procure des pères du Saint Esprit (rue Bon Voisin) et reçoivent la bénédiction d'un évêque missionnaire de passage.

2 juillet 1925 : Procession du T. S. Sacrement à la magnifique propriété de M de Lachenais. La musique de l'Oratoire St Léon et de l'Avant-garde accompagnent les cantiques et exécutent fort bien quelques marches religieuses.

19 juillet 1925 : fête patronale à la paroisse St Eugène, quelques musiciens s'y rendent.

1926, fête de Jeanne d'Arc : passant outre l'arrêté du maire Flaissières qui interdit les défilés ce jour-là, gymnastes et musiciens défilent dans le quartier Endoume-Bompard. Ils sont acclamés sur tout le parcours.

 

La chapelle du château Talabot.

La chapelle et les 15 h attenants sont acquis en 1885 par Houitte de Lachenais. Les processions paroissiales se rendent alors à Talabot, chez ce bon paroissien (il donne le terrain sur lequel est créée l'école libre du vallon).

 

 

 

Les cortèges empruntaient la Corniche dans l'autre sens lorsque M de Lachenais possédait la villa Castellamare.
De là, ce grand chrétien se rendait à la messe à St Cassien tous les matins, conduit par son cocher, dans un magnifique coupé ; l'image de cet élégant monsieur saluant d'un petit coup de chapeau les rares passants sur la Corniche, s'est transmise dans les familles du vallon.

La chapelle de la villa Valmer

 

 


Mgr Place, évêque de Marseille, consacre cette chapelle et décore son propriétaire, Charles Gounelle chrétien remarquable, de la croix de l'ordre de St Grégoire le Grand, en septembre 1867.

 



PROCESSIONS ET PÈLERINAGES

La procession, cortège de fidèles qui se déplacent en chantant derrière leur curé, portant croix et bannières, se pratique régulièrement dans notre quartier.
Le patronage accompagné par la clique, chantant cantiques et marches, se rend en procession chez M. de Lachenais, à la Corniche
en juin 1925, pour la fête du St Sacrement.
La clique accompagne la procession jusqu' à l'église St Cassien pour les fêtes de l'Adoration (juillet 1925).


Les enfants, habillés en ange (ici Mathilde Delchini) se rendent en procession chez M. de Lachenais sous une pluie de pétales de roses

Les fidèles partent en pèlerinage vers des hauts lieux religieux locaux : N D de la Garde, St Victor, St Joseph du Cabot (26 avril 1923) ou lointains : Lourdes, Lisieux, Paris (centenaire de la Médaille Miraculeuse le 18 juillet 1930). Ils reçoivent en souvenir une image pieuse éditée à cette occasion ou une médaille.



Le patronage de filles autour de l'abbé Laval, dans la cour du 239 vallon de l'Oriol. L'accès se faisait par un escalier double entourant un bassin en rocaille.


La comédie, au patronage St Cassien, vers 1920

Mlles Caisso, Mathilde Delchini (Vidil), Jo Raffin (Bonavia), Mlle Adam…



Debout : 1° Mathilde Delchini (Vidil), 3° Mlle Adam, 4° Jo Raffin (Bonavia), 6° Mlle Caisso
Assises :1° MlleCaisso, 2° Mme Nicolas, 3° Madeleine Grosson, 4° Jeanne Bozon







Les Ames Vaillantes du vallon (1940)
en colonie de vacances à St Saturnin d'Apt.
 


La chorale St Cassien en 1945 :
Alice Génié, Paulette Chaillol, Lucienne Cholet, Mme Lucas dans l'ombre (organiste), Mathilde Vidil (chef de chœur), Juliette Peleyrol,
et devant elle ses sœurs Solange et Marcelle Laturasse.


Le patronage St Cassien en colonie de vacances à Malzieu-Ville (Lozère)
avec sœur Marie-Thérèse, en 1946.
 

Les danseuses entrainées par Mlle Allaix devant les locaux paroissiaux, vallon de l'Oriol.
Les grandes: M Mazzella et Denise  Harnist.
Rangée du haut 2° Colette Farno, 3° Joséphine Picano, 5° Annie Bouvier.
Devant : 2° Micheline Picano, 3° Nicole Auffan,
5° Annonciade Malafronte, 6° Mireille Demandols.








L'Église d'Endoume fut érigée en 1842 par Mgr Eugène de Mazenod,
au milieu des guinguettes et des cabanons.


LA CROIX DE ST EUGÈNE

Au XIX°s  une croix était plantée devant l'école des Frères, sur un petit tertre entouré de vignes, appelé alors Place de la Croix, (aujourd'hui place St Eugène). Pour une raison inconnue, elle fut déplacée devant l'église en 1910 (photo ci-contre) où elle n'a pas résisté aux intempéries. Etait-elle le souvenir d'une mission ?


L'image ci-dessus a été donnée aux paroissiens de St Cassien en souvenir de la "mission" prêchée du 11 octobre au 1° novembre 1931.
La prière inscrite au verso donne un crédit de 40 jours d'indulgence.
A l'origine les prières publiques abrégeaient le temps d'excommunication des pêcheurs. La pénitence publique a disparu, les indulgences ont perduré.


PETITE HISTOIRE DU 211 RUE D'ENDOUME

En 1830, Joseph Etienne, propriétaire sur la rue d'Endoume, fabrique des futailles et vend du bois. Plus tard, il fait rajouter des bâtiments, côté couchant, pour son nouveau commerce de salaisons : l'atelier de fabrication se trouve dans l'actuelle chapelle, le premier étage servant au séchage des conserves. A la mort du "saussissaïre" -1881- ses fils héritent du commerce qu'ils transforment bientôt en salles de bal. "Le Cercle Mireille" fonctionne les samedis et dimanches et, selon leurs moyens financiers, les danseurs ont droit à l'étage (l'élite) ou au rez-de-chaussée (le bas peuple).

A l'époque, chaque bar du quartier a son bal et le cercle Mireille ne résiste pas longtemps à la concurrence.

La famille Baudouin-Gounelle qui en hérite n'apprécie pas les bals populaires et met le local à la disposition de la paroisse. Aménagée au rez-de-chaussée, la chapelle de N D Auxiliatrice est offerte aux salésiens qui ne viennent pas. Vers 1892, les capucins y installent leur procure et assurent le service religieux dans la chapelle jusqu'à leur expulsion en 1902.

En 1904, la cour de l'œuvre a besoin de travaux; l'abbé Gennari, nouveau directeur, aidé de quelques jeunes, la débarrasse des écueils calcaires qui l'encombrent, puis transforme le hangar en théâtre. Lorsque le domaine Rossi, mitoyen, est morcelé, l'abbé achète la parcelle qui prolonge la cour côté sud, augmentant ainsi l'aire de jeu d'un tiers. Jusqu'à sa mobilisation, en 1914, l'abbé met toute son énergie dans l'amélioration de la cour : il fait apporter des déblais pour mettre à niveau le terrain en pente, envisage la construction d'un préau et multiplie les démarches pour l'obtention de dons. Son projet se concrétise juste avant la guerre.

En 1920, Mme Baudouin, grande bienfaitrice de l'Œuvre pense qu'il faut en assurer l'avenir ; en accord avec son gendre, le comte de Villechaise (propriétaire du château Valmer) elle offre les locaux à la congrégation sous forme d'une société civile, ce que supporte difficilement le nouveau curé de St. Eugène, l'abbé Pellenc.

 


 

Endoume est un quartier païen et difficile. "…la jeunesse y croupit dans l'ignorance et fait sur la voie publique l'apprentissage du vice" selon le conseil municipal, au début du XX° siècle.

Entre 1835 et 1904, les différents curés de St Eugène échouent dans plusieurs essais de patronage.

L'abbé Gennari malgré son expérience connaît des débuts  difficiles, en novembre 1904, sans local fixe. Heureusement, dès le mois d'août 1905 l'abbé Figeac loue un local au 285 rue d'Endoume, l'ancien bar de l'Acacia, fermé pour sa mauvaise réputation (on y a assassiné Bosc, le fils d'un capitaine de la Garde Civile).

 

 

En 1906, l'abbé Dumaine prend la décision de déménager les garçons au 211 à la place des filles qui vont au 285.
Des lors, dans des locaux spacieux, dirigé par un abbé énergique et aimant les enfants, le patronage ne cesse de progresser.
Il est très émouvant de retrouver dans le Livre d'Or de l'œuvre les noms de tous ces jeunes formés par l'abbé Gennari et ses successeur durant tout un siècle.

 

L'ŒUVRE DU PÈRE GENNARI

On ne peut parler de cette œuvre sans évoquer la forte personnalité envoyée dans cet Endoume anticlérical en 1904 : le Père Gennari. Dans ce quartier "où les enfants sont durs à comprendre comme le rocher de nos collines, les adultes paresseux, indifférents, sauvages, si peu chrétiens", à une époque où les lois de séparation de l'Église et de l'État suscitent de nombreuses escarmouches, l'abbé sait s'imposer.

 

 


Don Camillo avant l'heure, il enlève la soutane pour aller tenir tête et même corriger ceux qui l'insultent ou l'injurient. Il n'hésite pas à monter sur un échafaudage pour demander des explications au maçon qui l'a insulté, ou encore rentrer dans un bar d'où a fusé une injure en disant : j'ai entendu un âne braire, où est-il ? Et bravant le silence : la prochaine fois, il aura son foin !

Ainsi s'établit au delà de sa mort en 1925, la renommée du père Gennari.

 

 


Les compagnies créées par l'abbé Gennari (Blancs…Bleus…)
dans la cour de l'œuvre St Louis de Gonzagues
 
  

 


 

LES COMMUNIANTS À ENDOUME

Les enfants sont regroupés au patronage, puis, en longue procession, se rendent à l'église St Eugène pour la cérémonie de la Communion Solennelle.

Le 11 mai 1912, 60 communiants traversent Endoume devant une population émue. La photo paraît dans "Le Petit Marseillais". Lors de la Confirmation, la même année, Mgr Fabre constate "Vraiment Endoume se civilise".

 


Les communiants dans la rue d'Endoume (photo famille Vincenti)

A la mode du costume marin succède dans les années cinquante celle du petit costume avec brassard blanc (symbole d'innocence) et la croix; les communiants tiennent aussi un long cierge garni de lys.

L'aube, vêtement de baptême des premiers chrétiens, généralisé dans toutes les liturgies, devient le vêtement des communiants, filles et garçons, à partir des années soixante.

 

 

LES PATRONAGES DE FILLES

Les patronages proposent des activités récréatives pour attirer les jeunes tout en veillant à leur éducation chrétienne selon la formule "ici on joue, ici on prie".
La croisade Eucharistique (créée en 1915) a pour objectif la préparation des enfants à la 1° communion. La dévotion eucharistique et l'entraînement au sacrifice y sont essentiels.

 


Les Croisées à St Eugène

Après la guerre de 14, les jeunes ont besoin de plus d'autonomie, d'évasion. Dans les patronages on constate la désertion des jeunes adolescentes : libérées du carcan vestimentaire, entreprenant des études supérieures, elles aspirent à des activités au-delà des murs clos des patronages. Les mères et les éducatrices comprennent cette évolution mal vue par les prêtres.

Le diocèse reste fédérateur des mouvements au sein des patronages (Bérets Roses, Croisées, Ames Vaillantes) mais accepte mal le mouvement scout féminin (le guidisme), créé à Marseille en 1925-26, hors des structures des églises.

 

 


Précédant les Ames Vaillantes, les Bérets Roses (ici à Lourdes)
font partie de l'Union Diocésaine des Patronages de jeunes filles.

 

 


Les Ames Vaillantes d'Endoume
en colonie de vacances à Lourdes avec sœur Marcelle.

 



LE SCOUTISME

Malgré les oppositions de l'Eglise catholique,(peut- on faire confiance à un mouvement créé par un anglican supposé franc-maçon qui propose une méthode éducative naturaliste), l'association "Les Scouts de France", mouvement s'adressant aux garçons est créée en France en 1920. Les réticences sont encore plus fortes lorsqu'il s'agit des filles : on craint "la promiscuité des camps, les nuits sous la tente, les longues marches sac au dos, les activités dans la nature" tout ce qui, en éloignant la jeune fille de la maison, entraînera la destruction de la famille !
Malgré ce, la 1° compagnie de Guides est créée en France en 1923 (1926 à Marseille).




Dans le district Notre Dame de la Garde, en 1937, le 36° groupe (Guynemer) est ouvert pour les garçons dans les locaux de l'œuvre Allemand, bd Tellène; le 35° groupe (Chevalier d'Assas), reçoit louveteaux et scouts dans les locaux du presbytère St Eugène et la 19° compagnie accueille jeannettes et guides au 285 rue d'Endoume. A St Cassien, le 73° groupe (Mougeotte), créé en 1955 pour louveteaux et patrouille libre, cesse d'exister en 1968.



Les louveteaux dans la cour du 239 vallon de l'Oriol (1957)
et leurs cheftaines, Kaa (Geneviève Dupire), Chill (Michèle Borel), Bagheera (Nicole Cartagéna), Akela (Monique Bonavia)

 


Promesse scoute au vallon (Pierre Lobey tient le drapeau).

L'uniforme a évolué au cours des décennies; avant guerre, les garçons coiffés d'un grand chapeau de feutre, enroulés dans une vaste pèlerine, font des envieux parmi les jeunes du quartier lorsqu'ils martèlent les pavés des rues avec leurs souliers à clous. La tenue des filles est plus stricte (image de 1947) : jupe droite, cravate, ceinturon, cordelière et sifflet qu'elles achètent à "La Hutte" .

 

 

Le magasin du Bd Salvator, vend en exclusivité tout l'équipement nécessaire pour les randonnées et les camps d'été : tenues de camp, tentes, marmites, boussoles, badges, etc
Depuis 80 ans, les mouvements Scouts et Guides de France suivent toujours les principes de Baden-Powell, mais ils se sont dégagés peu à peu de son moralisme militariste.

 


 

LA PAROISSE PROTESTANTE D' ENDOUME

Une salle d'asile, partie de l'ensemble scolaire protestant, fonctionne au vallon Jourdan depuis 1870. Par la volonté du pasteur Edouard Sauter, vers 1880, se crée une école de filles dans la villa d'une paroissienne, Mme Cosme. Les garçons y sont reçus en 1890. Après les lois de séparation de l'Eglise et de l'Etat, une association, loi 1901, permet d'assurer le fonctionnement d'une école maternelle, d'une cantine pour filles et garçons, d'un patronage.

 

 

En 1921, l'Association des œuvres protestantes d'Endoume se rend propriétaire des locaux et en 1929 le pasteur Martin-Favenc entreprend la construction d'un lieu de culte sur le terrain de l'école. Cet ensemble paroissial important diffuse l'éducation chrétienne : ses locaux servent au catéchisme, aux Ecoles du Jeudi et du Dimanche, aux réunions d'église et aux cultes dominicaux.

Au 168 rue d'Endoume d'autres locaux appelés "La Montée" accueillaient les enfants du patronage protestant.
En 1967, une parcelle détachée de la propriété, avenue David Dellepiane, est vendue à l'Eglise Réformée de Marseille qui y édifie une chapelle.
 

 

 


Acte de Communion de J. Guidicelli
Eglise St Eugène 1931
Photo M.B.M.

 
 
 Textes et documents photo, composition :
Monique Bonavia-Michelet


Editeur : "La Butte Bompard".
Février 2000


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