1943-1946 Imprimer
La Guerre de 39-45

Mars 2001 N° 14

 

Dans "La Bataille de Marseille" Marius Errecade écrit simplement "la batterie du Roucas Blanc succombe à son tour". Et Jean Contrucci dans "Et Marseille fut libérée" situe le souterrain "autour de l'Angélus" (hôpital d'enfants ch du Roucas Blanc, aussi investi par les Allemands).

Les habitants qui n'avaient pas été expulsés de leur maison, ont ressenti chaque épisode de la libération du quartier avec intensité : pilonnages et bombardements, séjour prolongé dans les caves et abris, aide aux libérateurs, participation à la résistance…

De nombreux documents conservés par les anciens ont été ressortis, et les souvenirs aussi, pour témoigner de l'importance de cette période très particulière dans la vie de chacun.

Des constructions en béton armé, casemates ou meurtrières impossibles à démolir, sont visibles dans les rues ou cachées dans les jardins.



Ces affiches témoignent de l'atmosphère menaçante que les Allemands faisaient régner à Marseille en réponse à la grève générale du 23 mai 1944. La population n'obéit pas à l'ordre d'évacuation du 14 août 1944, (veille du débarquement), suit une grève totale le 19.






Jean Amielh se souvient avoir rencontré par l'intermédiaire de Jeanne Peclet, (de la Réserve) l'aviateur anglais ayant reçu le message en morse annonciateur du bombardement du Frioul. Etait-ce celui du 15 août, opération devant détourner l'attention des Allemands alors que la flotte alliée débarque à St Tropez, ou un des suivants 17, 18, 23, 24, 27 août ?





Le 21 août l'insurrection préparée par la Résistance commence par une grève générale, des barricades s'élèvent aux carrefours afin de piéger les véhicules ennemis . A la Gavelière, les habitants dépavent les rues, utilisent les tombereaux de la ferme du nettoiement pour établir un barrage.

Du 23 au 28 août 1944, Marseille vit les journées terribles de sa libération, le centre d'abord le 23 et 24, puis l'assaut de N D de la Garde le 25, le Bd A Autran le 26. Le 26 août, les batteries allemandes du Frioul sont attaquées en piqué par l'aviation alliée ; le 27 tombent les forts St Jean et St Nicolas et la caserne Audéoud, le 28 enfin, les cloches de ND de la Garde sonnent la libération de toute la ville.


Un rapport du 10° secteur de la Défense Passive relate : le 23 août, les F F I (du groupe Guidicelli) attaquent, rue Chateaubriand, une voiture avec trois soldats allemands qui s'enfuyaient.


En bas du Bd Bompard, un barrage dressé par des jeunes oblige un camion de ravitaillement ennemi à ralentir ; soudain quelqu'un tire sur le véhicule qui prend feu, ses occupants ripostent, tirant sur la population qui fait la queue devant la boulangerie ; les mitrailleuses allemandes postées en haut du boulevard (85) entrent aussitôt en action, tirant sur tout ce qui bouge ; les clients se réfugient dans le grand jardin qui fait face à la boulangerie.




Casque de Défense Passive appartenant à la famille Gras-Leporini

Le 26 août 1944 est la journée la plus meurtrière pour le secteur pris entre l'artillerie allemande sur les hauteurs et le fort St Nicolas, et les troupes des libérateurs qui occupent les jardins. Les occupants de l'Institut des jeunes aveugles de St Victor sont rapatriés à l'œuvre St Louis de Gonzagues, transformée en hôpital ; le poste de commandement de la Défense Passive dirigé par Jean Stromboni (charcutier sur Bompard) et le poste de secours y reçoivent de nombreux blessés. Les morts sont déposés dans la chapelle ; parmi eux, la fille de la concierge de La Gavelière, touchée par un projectile.


Dans un jardin de l'impasse Maturo, toute la population assiste à l'enterrement provisoire d'un tabor marocain tué dans ce secteur.



La Résistance

1 chemin du vallon de l'Oriol, une plaque rappelle le rôle joué par les Francs Tireurs Partisans Français dans la préparation de l'insurrection à Marseille.

Guy Serbat, alias Cayrol, commandant militaire de la 3° subdivision FTPF est envoyé en mission en zone Sud au début de 1944 et trouve refuge chez M et Mme Aguillon, 1 ch du vallon de l'Oriol ou chez M et Mme Barnier, 20 rue Martin Brignaudy. Son rôle : organiser l'insurrection de la ville avant l'arrivée des troupes de libération afin de déstabiliser l'occupant.




La rencontre avec cet homme bouleverse le vie de Lucien Russo, alors âgé de 19 ans ; il abandonne son travail de linotypiste au Petit Marseillais, ses parents, et guide Cayrol dans Marseille jusqu'à la libération ; il s'engage par la suite dans le "Régiment des Jeunes Résistants" appelé La Marseillaise, commandé par Cayrol.





Compte rendu du sergent de réserve Julien Vidil
pour l'Etat-Major de la 2° région militaire.


Quand les opérations se sont déclenchées dans le quartier du Roucas Blanc, je me suis proposé d'aider les troupes Françaises en mettant à leur disposition :

    la connaissance parfaite que j'avais du quartier

    les observations que j'avais pu faire sur le dispositif allemand.

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    Je suis entré en contact avec l'unité en action (adjudant chef Lasserre) qui, utilisant un cheminement que j'ai montré, est parvenu à mettre en batterie, au point le plus rapproché possible de l'ennemi : vue directe à 70 m sur des troupes en bras de chemise occupant la gendarmerie, bd A Autran.

    Le contact par le feu est pris avec les Allemands.

    Une deuxième action commandée par un lieutenant arrive par le même chemin ; je lui montre un emplacement au N O de la première section engagée (entre le rue Ste Eugénie et le Bd Marius Thomas.

    L'après midi, une troisième section commandée par un lieutenant et conduisant 600 prisonniers environ, veut utiliser une partie de l'avenue des Roches, battue par le feu des Allemands installés dans les villas du Bd Amédée Autran.

    En accord avec le Commandant du détachement, je donne à un officier allemand prisonnier ma canne munie d'un chiffon blanc et avec un soldat français du détachement (Dovivio de la 7° Cie commandée par le Lt Baginet) nous allons parlementer avec l'officier allemand connu sous le nom de "Commandant du Port" installé villa La Garde, en vue d'obtenir la reddition du point d'appui.

    Arrivé à la villa, l'officier allemand va s'entretenir avec le Commandant du point d'appui blessé dans son abri et me donne sa parole qu'il reviendra dans 15 minutes.

    Une des sentinelles me regarde de travers en menaçant de dégoupiller sa grenade. Pendant ce temps, le soldat Français commence à désarmer certains militaires allemands qui ne paraissent devoir faire aucune résistance. Le Commandant n'accepte pas de se rendre.

    Ma mission d'orientation des troupes est terminée, le Capitaine commandant l'unité prend alors les mesures nécessaires.

    En ce qui me concerne, je m'occupe dès lors  de discipliner les bonnes volontés du quartier et surtout d'éviter toutes scènes de pillage.

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Les Allemands capitulent, bd A Autran, (bien qu'ayant une salle d'opérations, des vivres et des munitions pour tenir 2 ans), parce que la vie dans la caserne souterraine devient impossible à cause des nombreux morts qui s'y accumulent.




 

La villa "Le Pin" éventrée par un obus lors des combats de la Libération.

(obus gardé en souvenir par la famille Boyer)



Matériel de lutte anti-aérienne abandonné par les Allemands, villa La Pin.
 




Les villas La Garde et Le Pin occupées par la Kriegsmarine, ont subi de gros dégâts pendant les combats de la libération.

Cette bombe à ailettes conservée par la famille Piana a percuté le 3 tr Olympe.

Le personnel féminin de la Kriegsmarine qui y logeait est évacué pendant les combats ; les libérateurs y font 85 prisonniers allemands ; puis les marocains occupent ces maisons 4 à 5 jours avant de repartir combattre.



Au lendemain de la reddition allemande, une horde d'habitants du quartier se précipite dans un bd Amédée Autran jonché de débris de pins dans le but de piller les réserves ennemies, et dans l'élan le mobilier abandonné par les évacués ; les volets sont aussi arrachés !





Souvenirs de guerre de Marguerite Pera.


    Les tabors avaient pris position, abrités par les murs des maisons et jardins, rue du Soleil et traverse Mathias ; il faisait très chaud, ils avaient soif. Nous n'avions plus rien mais nous nous sommes débrouillés pour leur préparer un ersatz de café.

    Ils cherchaient un passage pour aller déloger les Allemands en position rue Va à la Mer. Je les ai conduits par les jardins de l'impasse de la Lune jusque de l'autre côté du vallon de la Baudille.




Avec les Tabors, traverse Pey : Marthe et Alexandre Eymin, Laure Martin,
Zézette Muselli, X…, Louis Couton, Simone Aubert.


Histoire d'un piano. Les Allemands avaient loué un piano et donnaient des concerts sur la terrasse de la villa qu'ils occupaient, rue Va à la Mer. L'écho de ces sérénades parvenait jusqu'à la traverse Mathias. A la libération le piano avait disparu…on le retrouva quelque temps après dans une villa, traverse des Bourguignons !



 
La population fête les libérateurs du char Vesoul, avenue des Roches





Avec les Goumiers, impasse Bec
 
 
 


Gardée en souvenir la carte d'un STO : service obligatoire du travail en Allemagne (2 ans) concernant les jeunes nés entre le 1-1 et le 31-12-1920. Ce service est créé parles lois du 4-9-1942 et du 2-2-1943.

En zone Sud, sont aussi concernés les jeunes de la classe 42 engagés dans les Chantiers (sont regroupés dans les Chantiers les jeunes mobilisés en juillet 1940 et les appelés des classes suivantes).

 


Conservé dans le journal de B. Bonavia, prisonnier de Guerre en Allemagne, le dessin de Noël de l'enfant (primé par le Maréchal), en regard d'un poème intitulé "Noël", exprimant le fiel de la solitaire souffrance, de la morne désespérance des captifs privés de tendresse, adoucis par les chants nostalgiques de Noël, les rêves et les larmes.

 

 

Timbres-poste, cartes et enveloppes émis sous Vichy sont supprimés le 10 octobre 1944 ainsi que les timbres avec surtaxe (Légion Tricolore, Prisonniers de Guerre, Villes Sinistrées).

 

Les cartes de correspondance familiales inter-zones, émises en 1941 deviennent des documents pour collectionneurs et historiens.

 

 

Marseille libérée, la rentrée scolaire a lieu à la mi-octobre, mais dans des conditions encore difficiles.

Le bois de chauffage est rare : à l'école Bompard les fillettes apportent leur bûche quotidienne et à tour de rôle prennent place sur les bancs proches du poêle.

Du lait en poudre est distribué aux récréations, froid, mal dissous…imbuvable.

Une crise grave du papier entraîne la parution des journaux sur format réduit (1/2 de page) et ne permet pas la disparition des tickets destinés aux articles d'écoliers.

 

 

 

Le pont qui assurait le passage au-dessus du bassin du carénage ayant été démoli, les piétons qui remontent à Bompard doivent traverser ce bras de mer en barque, au milieu de carcasses métalliques déchiquetées.

 


25 mars 1945, la ville est libérée, mais le pays est toujours en état de guerre. Les plaisanciers du Prophète reçoivent de nouveaux permis de navigation imposant des restrictions de circulation.

 

            Avis aux pêcheurs plaisanciers

Les anciens permis délivrés avant la libération ne sont pas valables.
Le Vieux-Port étant pour l'instant un port de Guerre doit avant toutes choses servir à la poursuite de la guerre par les Alliés ; il doit être laissé entièrement libre pour les mouvements des navires.

 


 

 

 

La demande d'indemnité de réquisition déposée en mars 1944 est définitivement accordée en novembre 1958 (montant revalorisé à l'époque de l'exécution).

 

Devis pour réparation du toit arraché par un obus, 22 rue Rigaud
Tuiles soufflées, faîtage et cheminée arrachés, plafond effondré, impacts de tirs sur la façade… suivent 7 ans de devis, factures et correspondance avec le Ministère de la Reconstruction.

 


 
 

 




  

Les jeunes filles promènent au bras des Anglais sur la Corniche.
Les familles invitent les Américains pour les fêtes de Noël 1944.


1945 : les enfants des patronages visitent les blessés à "l'Angélus" (transformé en hôpital militaire) et sont invités à un repas typiquement américain : nouveauté d'un plateau-repas où la viande est accompagnée de confiture, découverte du chewing-gum….



Les prisonniers de guerre




2 650 000 soldats pris au combat par les Allemands sont recensés au 25/6/1940. Les problèmes que cela entraîne dans les familles sont pris en charge par plusieurs associations.


La "Maison du Prisonnier", annexe 20 Bd Bompard, soutient femmes et enfants de prisonniers, moralement et financièrement en organisant des arbres de Noël, des galas (Butte Bompard n° 7 page 10).



 

Timbres surtaxés 1941 au profit des prisonniers de guerre et 1943 au profit de la famille du prisonnier.

 


kriegsgefangenenpost, correspondance aux Prisonniers…

Cette image religieuse émise par l'aumônerie des Prisonniers de Guerre, reproduit l'en-tête des lettres et cartes destinées à la correspondance entre les prisonniers et leurs familles, limitées en fréquence et nombre de lignes d'écriture.

    Kriegsgefangenenpost, mot étrange pour une petite fille et que je répétais souvent comme un refrain ; évocation aujourd'hui d'une correspondance réduite à quelques lignes avec un père retenu derrière les barbelés allemands pendant plus de 6 ans. Ma mère cependant lui écrivait de longues lettres sur du papier "avion" qu'elle réussissait à cacher dans les petits dés de bouillon Kub ou dans des tubes d'aspirine glissés dans les boites de conserves "maison" serties par un spécialiste. Les Allemands ne les ont jamais interceptées (M. B. M. )


Arrivée à Marseille d'un convoi de prisonniers de guerre le 28 avril 1945, la veille des élections municipales. Les familles trop absorbées par la joie des retrouvailles n'ont sûrement pas mesuré l'importance de l'événement : il s'agit des premières élections auxquelles participent les femmes.





L'effigie du Maréchal, la francisque ainsi que "État Français", Travail, Famille, Patrie disparaissent sur la monnaie nationale, y apparaît le profil de Marianne accompagné du sigle R F et Liberté, Égalité, Fraternité.






Les salaires sont bas et les prix élevés, mais le marché se libère peu à peu : le 1° novembre 1945, suppression des inscriptions pour la viande, le chocolat, le sucre, la confiture, les légumes secs, les matières grasses, les conserves de légumes, le fromage et les œufs ; la contrainte se poursuit pour certains poissons, le lait, le vin, les pommes de terre, les pâtes, le pain (toujours noir c'est un mélange de son, orge, soja et peu de farine)


De nouvelles recettes remplacent celles proposées par le Service Social de la Croix-Rouge entre 1940 et 1942.




 


Les jeunes mariés de 1946 ont droit à 12 kg de vaisselle (avec bons) et les sinistrés 8 kg seulement !

Les pâtisseries proposent encore en 1948 des gâteaux à base de farine de manioc, d'épeautre et de pommes de terre liés avec du blanc d'œuf.

Le Ministère du ravitaillement qui a fonctionné 10 ans, est supprimé le 31 décembre 1949.


Une plaque à la mémoire des héros de la Résistance scellée à l'origine sur le mur de l'école, place St Eugène, elle été remplacée récemment par une stèle dressée sur la place elle même.



Des rues du 7° arrondissement ont été rebaptisées en souvenir de ces enfants du quartier tombés pendant les combats de la libération, dont trois sur Bompard :

    La montée de l'Arlequin → chemin Yves Dollo

    La rue Roger → rue Raymond Marquier

    La rue Ste Eugénie → rue Michel Gachet

 

Les habitants du vallon se souviennent de Marcel Kolpanoff : repéré après avoir fait sauter avec les FTPF un train de marchandise, s'enfuit vers la rue de l'Ecole où il est abattu par la Gestapo (le chef de la police allemande occupait une villa juste en face la sienne).


Au 15 de la travers Nicolas une plaque rappelle son souvenir.

Sur une façade discrète, impasse Arnaud, une petite plaque en marbre noir ne précise pas si le réseau F 2 fonctionne encore lorsque les Allemands réquisitionnent les grandes propriétés de la rue Va à la Mer, de part et d'autre de cette impasse.

Une plaque souvenir, aujourd'hui disparue, au 2 chemin du vallon de l'Oriol, maison habitée par la famille Dollo (instituteurs) rappelait le souvenir d'Yves, le fils, jeune FTPF de 22 ans mort le 25 août 1944 au cours d'une mission. Jeune requis à la D P, alors qu'il emprunte les Quatre Contours (avenue David Dellepiane) allant chercher du lait pour un bébé, il est abattu par un tireur posté à N D de la Garde. La circulation est dangereuse pour tout piéton pendant ces rudes journées de la libération, les Allemands harcelés voyant des terroristes partout déclenchent des tirs sur tout ce qui bouge.

 

 

 



Les suites de la guerre

Le quartier n'échappe pas aux scènes pénibles qui suivent la libération un peu partout en France : pour avoir fréquenté des Allemands des femmes sont exhibées, à moitié nues, le crane rasé devant une foule assoiffée de vengeance ; un couple de commerçants enrichis (propriétaires d'une "boite de nuit" fréquentée par l'ennemi), est dénoncé (à qui ?) arrêté et exécuté sommairement (par qui ?) et leur villa pillée (dans leur cave s'entassaient toutes sortes de marchandises).

 

 

 

 

Les Allemands arpentent longtemps encore nos rues ; faits prisonniers, ils sont logés, ironie du sort, dans des baraquements devant le "château La Garde", bd Amédée Autran, au-dessus de la caserne souterraine qu'ils avaient bâtie. Tous les jours, ils empruntent le chemin du vallon de l'Oriol jusqu'à l'usine Rollando où ils travaillent. Devenus inoffensifs, ils suscitent une peur-réflexe chez certains jeunes enfants traumatisés pour de longues années encore par les soldats allemands, le vrombissement d'un avion, le hurlement d'une sirène, la descente dans une cave…

D'autres gamins plus téméraires aiment aller se cacher dans le souterrain du bd A. Autran pour jouer à la guerre. Et puis un jour, il y a la découverte d'une grenade… le jeu imprudent… et c'est l'accident.

 

 

Timbre de 1941
"Au profit des prisonniers de guerre"
 
 
 
Textes et documents photo, composition :
Monique Bonavia-Michelet.


Editeur : Association "La Butte Bompard"
Mars 2001

Avec la participation des familles
Albenois-Brisson, Amielh, Boyer, Chauvin, Couton, Gras-Leporini, Piana, Raffin-Bonnet, Russo, Sorrentino-Revest, Vidil


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