Les écoles : organisation matérielle et pédagogique Imprimer
Les écoles

 

 

 canevas de 1892
 

 

Le mobilier se modifie en fonction du matériel nouveau : les tables planes remplacent celles en plan incliné après l'apparition des bûchettes.


Le rôle social de l'école se modifie avec l'évolution du niveau de vie des familles. Selon l'adjoint à l'Instruction Publique en 1845, "les salles d'asile soulagent la mère de famille de la garde des jeunes enfants et lui permettent de se livrer au travail, d'autre part elles enlèvent la population naissante aux funestes influences de la paresse et de l'isolement en même temps qu'elles lui donnent tous les principes de l'instruction élémentaire". Depuis les années cinquante le rôle de l'école maternelle dans l'éducation et l'instruction des jeunes enfants en France est apprécié par toutes les classes sociales.
La cantine nourrit, au début de la scolarité obligatoire, les enfants issus de familles pauvres; le restaurant scolaire, aujourd'hui, accueille des enfants de tous les niveaux sociaux dont les mères et pères travaillent.

 

 

Relevés du mobilier scolaire en 1873.

Les archives municipales conservent les états annuels du mobilier établis par les directeurs d'écoles communales (laïques et congréganistes).

Ecole communale de filles du quartier d'Endoume (sœur Ste Paule de St Charles):

Mobilier usuel : 16 bancs à tablettes, 31 tables d'écriture, 31 bancs attenants, 1 table carrée, 4 bureaux avec estrade, 5 chaises hautes, 18 chaises ordinaires, 4 poêles, 5 tableaux noirs, 1 échelle, 5 placards, 2 caisses pour les balayures, 1 horloge, 2 plumeaux, 4 Christs *
Mobilier classique :
1 tableau de système métrique, 2 cartes de géographie, 4 tableaux de lecture sur carton.

 

Ecole de filles, vallon de l'Oriol (sœur St Tiburce de St Charles) :

Mobilier usuel : 5 tables et bancs attenants, 4 bancs à tablette, 2 chaises hautes, 4 chaises ordinaires, 2 bureaux, 2 estrades, 1 tableau noir, 2 poêles, 1 pendule, 1 porte-manteaux, 2 Christs*, 2 arrosoirs, 2 pelles, 2 plumeaux, 1 caisse à balayures, 1 cruche en zinc, 1 placard.
Mobilier classique : 1 tableau de système métrique, 2 cartes de géographie, 1 tableau de lecture sur bois.

 

Ecole publique de garçons du val. Oriol (directeur M Feraud)

Mobilier usuel : 8 tables, 4 chaises, 1 bureau, 1 estrade, 2 tableaux noirs, 1 armoire, 1 pendule, 1 poêle et ses tuyaux, 1 enseigne, 1 croix*, 1 tête de loup, 1 arrosoir (tous ces objets servent depuis la création en 1866).
Mobilier classique : 1 tableau de système métrique, 1 compendium*, 3 cartes de géographie, 22 tableaux de lecture (Peigné *)


Ecole d'Endoume (instituteur public Désiré Fabre) :

Mobilier usuel : 9 bancs, 36 tables, 4 chaises, 4 bureaux, 2 tables à dessin, 6 tableaux noirs, 6 marche-pieds, 4 escabeaux, 4 poêles, 5 armoires.
Mobilier classique : 1 tableau de système métrique, 6 cartes de géographie, 1 compendium*.



*Christ ou croix se trouvent sur les murs de tous les établissements qu'ils soient dirigés par des Congréganistes ou par des laïques, le catéchisme et l'instruction religieuse étant au programme jusqu'en 1882.
*Le compendium métrique : ensemble d'objets réels, utilisables par les élèves. Plus tard, on nommera compendium la vitrine elle-même contenant les unités de poids, de capacité et de mesure.
*La méthode Peigné généralise l'usage du ba…a…ba, utilise des mots simples, de courtes phrases, rendant ainsi l'apprentissage plus attrayant et plus aisé pour les jeunes lecteurs.

 



MOBILIER USUEL
de l'école communale maternelle du quartier d'Endoume, en 1873,
relevé par sœur St Théodulphe (sœur de St Charles)


2 Christs*, 8 porte tableaux, 8 touches*, 31 ardoises encadrées, 2 claquoirs*, 4 chaises ordinaires, 214 assiettes, 180 cuillers, 2 cuillers à soupe, 3 couteaux, 3 arrosoirs, 2 baquets, 1 corbeille, 1 tête de loup, 1 plumeau en mauvais état, 1 pendule, 12 tabliers, 24 torchons, 24 bancs, 12 tables pour manger en mauvais état, 1 table de cuisine, 1 table pour les gradins, 2 chaises hautes, 1 caisse à charbon, 4 brosses, 2 frottoirs, 1 échelle double, 2 poêles et garde-fou, 1 fourneau en mauvais état, 12 verres, 1 placard, 2 seaux, 2 marmites, 1 caisse de balayures en mauvais état. 2 lampes, 1 balai en crin.


MOBILIER CLASSIQUE



*Les touches : probablement gaules servant à suivre sur les tableaux .


*Le claquoir ordonne traditionnellement les mouvements des fidèles pendant les messes ; dans les asiles, il rythme les séances de lecture. Le Comité Communal de Surveillance et d'Encouragement pour l'Instruction primaire, dans un rapport de 1845, constate que chez les sœurs "l'étude de la lecture occupe à l'asile un espace de deux années au moins, d'une manière si exclusive et si contraire aux dispositions de l'enfance qu'il lui est difficile d'en recueillir des fruits convenables".




On retrouve sur la photo ci-dessous tous les détails du devis descriptif établi en 1904 avant la construction des écoles "Chanot".



Une classe type (photo archives municipales).



L'éclairage est fourni par des lampes à gaz (quatre pour les élèves et une sur bras articulé à l'usage du maître et des tableaux), le bureau du maître hissé sur l'estrade, encadré par deux tableaux noirs avec porte-craies, de grands instruments de géométrie en bois (équerre, rapporteur, règle, compas), une pendule et des cartes de géographie accrochés au mur, trois rangées de pupitres pour les élèves (encriers en porcelaine encastrés avoisinant les rainures prévues pour maintenir crayons et porte-plumes,) et bancs attenants, les bandes pour cartes posées sur le pourtour. Deux maximes de morale sont accrochées tout en haut du mur et on peut déchiffrer l'une d'elles :

"Ne remet pas à demain l'épargne que tu peux faire aujourd'hui même"

En 1933, les institutrices de maternelles manifestent leur mécontentement : certaines classes de 64 m2 sont éclairées seulement par 2 lampes de 25 bougies !

 


Le tableau noir, indispensable à tout enseignement (la meilleure classe est celle où l'on use le plus de craie), symbolise pour l'enfant la puissance du maître.

A Bompard, le privilège des meilleures élèves de Mme Mein en 1945 est de rentrer en classe avant les autres, monter sur l'estrade comme la maîtresse et écrire la date en haut du tableau noir. Ci-contre, tableau noir sur chevalet du catalogue Nathan 1939.

Le mobilier des écoles maternelles est prévu non seulement en fonction de la taille des enfants, mais aussi pour les activités spécifiques qui s'y déroulent, tel le bac à sable ci-dessous, le fauteuil avec accoudoirs et le banc à stalles de 1937 (rappelant la salle d'asile au temps de l'enseignement congréganiste).

 

Poêlerie : conformément au descriptif, "dans chaque salle de classe, de réfectoire et autre destinée aux élèves, il sera fourni et posé un poêle calorifère à socle rond, en fonte, avec tous les accessoires et ustensiles nécessaires, plaque en tôle d'un mètre carré clouée au sol, tuyaux en tôle douce, coude…Le poêle sera entouré d'une rampe circulaire…" (ci-dessous, photo Archives municipales)

 

A l'école Bompard, en 1945, le poêle occupe le centre de la classe, créant des zones à température variable ; Mme Mein institue un roulement pour que chaque fillette puisse se réchauffer sur un banc proche du poêle. La quantité de bois de chauffage distribué par la ville étant insuffisante, les élèves apportent leur bûche quotidienne.

 

 

 


 

Descriptif des écoles Chanot (1904)
(J B Amable Chanot, avocat et maire de Marseille de 1904 à 1908)

L'entrée : des lanternes de la ville sont placées sur les façades des écoles, alimentées au gaz ; la sonnerie est composée d'un timbre en bronze ; l'ouverture se fait avec un cordon de tirage ; le pas de porte est pourvu d'un décrottoir (ils ont été supprimés seulement fin 2000 à la Gavelière, alors que les rues sont goudronnées depuis ½ siècle !).

 


Le fronton de l'école Marius Thomas devenue école mixte en 1974

Au-dessus de l'entrée est implantée une armature pour drapeau avoisinant le nom de l'école (communale de filles, de garçons ou maternelle) parfois inséré sur des carreaux de céramique décorés.
Le tambour : dans les vestibules de logement et passages d'entrées d'école, des tambours vitrés en bois du nord, garnis de vitres à petits carreaux et panneaux dans le bas. Les portes vitrées de cabinets, conciergeries et autres ouvrants sur la cour sont munis de panneaux à la perruquière mobiles.
La cour : les platanes devront être âgés de 10 ans, sains et droits… Les six arbres centenaires ombragent toujours la cour de "la Gavelière", agrémentée depuis 1975 d'un jardin et d'une aire de jeux.

 

 



Le préau : des bancs en bois du nord y sont celés ainsi que des étagères pour les biasses* (équipement visible à l'école Bompard) ; on y trouve toujours un point d'eau, chaque école étant pourvue à l'origine d'un filtre à pierres poreuses avec 2 caisses à eau doublées de plomb. (Voir N° 12, p.20 La Gavelière en 1935 : sanitaires et lavabos sous le préau). Dans chaque école Chanot sont prévus des sanitaires, sièges à la turque en grès vernissé dans les écoles de garçons, cuvettes en porcelaine dans les écoles de filles, tous reliés à une fosse sceptique (à l'école Bompard la vidange des W C se fait encore avec des tinettes en 1945).
La cloche : en bronze de 0,15cm de diamètre, montée sur une armature en fer avec chaîne ou tringle, anneau et poignée de tirage en fer peints à l'huile.
Bompard est la seule école où la cloche d'origine annonce encore d'un tintement assourdi le rythme de vie des écoliers : l'entrée en classe suivie d'un grand silence, puis la récréation, ses cris et ses rires animant pour un temps le quartier assoupi.

*Le règlement de 1886 stipule "le français sera seul en usage dans les écoles". Les élèves pour ne pas être punis "francisent" les mots. Biasso en provençal est la musette.

 

 

La cloche : en bronze de 0,15cm de diamètre, montée sur une armature en fer avec chaîne ou tringle, anneau et poignée de tirage en fer peints à l'huile.

Bompard est la seule école où la cloche d'origine annonce encore d'un tintement assourdi le rythme de vie des écoliers : l'entrée en classe suivie d'un grand silence, puis la récréation, ses cris et ses rires animant pour un temps le quartier assoupi.

 

 




Dans le cartable de l'écolier.






En cette année où Marseille célèbre ses 2600 ans et où on évoque l'histoire de Gyptis et Protis, beaucoup d'écoliers des années cinquante se souviennent des cahiers fournis alors par la ville : cahiers du jour aux couvertures bleues, roses ou vertes leur faisant découvrir les célèbres fiançailles à l'origine de leur cité ou l'expédition de Minorque, ou les cahiers de dessin les sensibilisant aux sculpteurs marseillais Pierre Puget. (le Milon de Crotonne) et Turcan (l'Aveugle et le paralytique).



 
Cahier de modèles pour le maître (1925) et cahier d'élève (C P Bompard, 1951).

Le règlement relatif à la tenue des cahiers (loi organique de 1886) cite les cahiers obligatoires dans les écoles primaires publiques : un cahier de devoirs mensuels, un cahier de morale, un cahier de roulement;  sont facultatifs : le cahier de dessin et d'écriture (avec modèle du maître à l'encre rouge et reproduction à l'encre violette pour l'élève), le cahier de rédaction, le cahier de sciences physiques et naturelles, le cahier d'étude.


Le plumier en bois abrite règle, gomme, crayons noirs "en cèdre odorant" et crayon "fuchsine" (dont la mine mouillée laisse un tracé violacé indélébile), plumes "sergent major" et porte-plume, porte-crayon d'ardoise et petite éponge (l'ardoise utilisée dans le procédé "La Martinière" permet un contrôle rapide des connaissances: le maître pose une question de calcul mental, les élèves écrivent la réponse sur l'ardoise et la montrent au signal).


Les livres sont le reflet de la morale et de la vie quotidienne.

Prose et poésie (1907), l'auteur commente ainsi les fables de La Fontaine
 "Le chat et le vieux rat" : quels détails charmants dans cette guerre toute de ruse et d'agilité. "La mort choisissant un premier ministre" : on ne pouvait exprimer de manière plus énergique les effets de l'intempérance.
Arithmétique. Un cours de pédagogie conseille aux instituteurs d'offrir un caractère moral aux problèmes. Exemple : attirer l'attention des élèves sur le gain que peut réaliser annuellement un ouvrier économe ou sur les dépenses inutiles d'un intempérant. Les textes des problèmes choisis en vrac dans le "Pugibet" édition 1953, sont significatifs de cette époque :
Si un ouvrier gagne 195 f par heure de travail et une mère de famille dépense 275 f par jour et par personne, si le prix d'une place de cinéma est de 120 f et qu'un père de famille dépense chaque samedi 90 f au café, les cyclistes ont toujours des problèmes d'horaire avec des trains qui se croisent et les citernes pleines d'essence se vident dans des bidons de 5 l.
Cours d'orthographe. Glané dans le Bled édition 1946 : on rencontre le mauvais élève qui entend la voiture du laitier alors qu'une blanchisseuse étend le linge à la corde, le rémouleur aiguise les couteaux, le vieillard ne mendie pas son pain et les glaneuses rassemblent les épis de blé.


Le matériel à l'usage des enseignants.

A l'ère de l'ordinateur, il est intéressant d'observer l'évolution des procédés successifs de polycopie mis au service de l'enseignant.



Ci-dessous, bulletin de 1933, polycopié avec le procédé de la pierre humide, trouvé dans les archives de "La Gavelière" et dans lequel la question est posée : peut-on recevoir les papas à l'association ?

 


 

A procédé manuel succède une ronéo à alcool munie d'une manivelle permettant de polycopier en couleurs les exercices.

 

LA GAVELIERE journal scolaire issu des techniques Freinet, favorise au moyen de l'imprimerie à l'école et du limographe, (reproduction à l'aide d'un stencil) une meilleure expression libre des enfants, suscite leur intérêt pour la lecture grâce à des échanges avec des écoles de régions éloignées et entretient la communication avec les familles.(1965- 75)


 


 

Vers 1960, la municipalité organise une distribution de prix solennelle dans le somptueux décor de l'Opéra de Marseille pour le meilleur élève de CM2 de chaque école.


Cinématographe, phonographe, guide-chants
Catalogue Nathan 1930.archives "La Gavelière"

Le maître de demain doit avoir sous la main un appareil à projections fixes et mouvantes à volonté, un poste récepteur de T.S.F, une machine à disques parlants ; nous devons suivre le perfectionnement accéléré du machinisme, écrit un ancien inspecteur de l' Instruction Publique en 1948.

 

En 1971, un chapitre d'une revue consacrée à l'utilisation du magnétophone à l'école s'intitule "De l'objet magique à l'outil pédagogique".

La radiophonie et le cinématographe sont devenus des auxiliaires de l'enseignement : la T.S.F. contribue à l'éducation littéraire et musicale des enfants avec des émissions récréatives et d'initiation, le documentaire illustre les leçons de sciences, hygiène, histoire- géographie, art.

Des appareils robustes pour projection fixe (films fixes en rouleaux) sont mis au point par les fabricants.

Ils équipent les écoles dans les années 30 ainsi que des appareils à films animés (Pathé-Baby).

 
 

Le phonographe "Apollon" se remonte à l'aide d'une manivelle ; le bras articulé muni d'une grosse aiguille se pose sur de lourds et fragiles 78 tours ; le pavillon acoustique diffuse alors une musique à la fidélité toute relative.

Un harmonium portatif (44x29x24 cm) muni d'une pédale manuelle sert de guide-chants car moins cher qu'un piano (appareil utilisé pendant plus d'un ½ siècle à la Gavelière).

 

 

L'organisation pédagogique des écoles primaires publiques selon la loi organique de 1886

définit le triple objet de l'enseignement : éducation physique, intellectuelle, morale ; l'emploi du temps comporte les leçons traditionnelles connues par toutes les générations suivantes : morale, écriture, français, arithmétique, histoire, géographie, dessin, chant, gymnastique. Cependant certains paragraphes du "Guide de l'instituteur" de 1896 paraissent bien curieux de nos jours:
    "l'école primaire doit faire des ouvriers et les initier le plus tôt possible au goût et à l'aptitude du travail des mains"
    "les exercices militaires ont pour objet d'enseigner aux enfants qu'ils seront un jour soldat et que le devoir du citoyen est de posséder les qualités physiques qui lui permettent de défendre la patrie, si elle était attaquée."
    "l'école primaire peut et doit faire des exercices pour préparer et prédisposer en quelque sorte, les garçons aux futurs travaux de l'ouvrier et du soldat, les filles aux soins du ménage et aux ouvrages de dames"

 

Le canevas s'apprend au C E : reproduction d'après lettres simples dessinées au tableau par la maîtresse.

Ci-contre, canevas de débutante à la fin du XIX° siècle.


Dans le catalogue Larousse 1938, des livres de lecture s'adressent spécialement aux garçons : Cours de lecture par Berville, d'autres aux filles :
- La Jeune Ménagère, par Mme J.Sevrette
- Le Premier, livre des petites filles (suivi d'un 2° et d'un 3°)
- La Civilité des petites filles par le même auteur Jurançon.

Les instructions se modifient au lendemain des évènements importants de la nation : après la guerre 14-18, après la crise de 1936, après la Libération de 1945, après 1968 ; les programmes s'adaptent à l'évolution mentalités et aux découvertes scientifiques.

 

 


Cahier de répartitions mensuelles d'un instituteur en 1925
 

 

Depuis la laïcisation des programmes de 1882, l'enseignement moral et civique remplace l'enseignement religieux (programmes confirmés en 1923 et auxquels le gouvernement de Vichy n'osera pas toucher) ; l'instituteur doit faire mûrir et se développer les notions fondamentales de la morale éternelle et universelle. En 1886, les instructions précisent qu'il doit faire ressentir à l'enfant "la majesté de la loi morale" à l'aide d'exemples concrets (trois séances d'une demi heure par semaine) ; le précepte qui en découle est écrit sur le tableau noir et appris par cœur. Voici quelques points surprenants de ces programmes:
C.E.: Superstition, et préjugés, croyance aux maléfices. Revenants, loups-garous, feux follets, prétendus sorciers et diseurs de bonne aventure. Caractère religieux de tous les devoirs moraux.
C.M.: Idée de l'infini. Dieu cause première et parfaite de tout ce qui existe.
MATERNELLE : leçons suivies d'entretiens familiers, récits, chants destinés à inspirer aux enfants le sentiment de leurs devoirs envers la famille, la patrie et Dieu.

 


En 1930, le catalogue du matériel Nathan propose aux écoles maternelles, jardins d'enfants et classes enfantines des maximes à thèmes, destinées à l'affichage mural (les murs des classes sont équipés à cet effet de bandes en bois).

 




Avant 1940, la ville de Marseille offre à tous les élèves admis au Certificat d'Etudes un gros livre de prix à la couverture rouge et or ; le prix Rossolin récompense les meilleurs élèves des Cours Moyens.

Des appareils robustes pour projection fixe (films fixes en rouleaux) sont mis au point par les fabricants. Ils équipent les écoles dans les années 30 ainsi que des appareils à films animés (Pathé-Baby).




Deux tentatives (1923 et 1946) pour instaurer un certificat en deux parties, la première permettant l'accès à la classe de 6°, n'auront pas de suite. Tombé en désuétude le "certif" est supprimé en 1989.


En 1951, le Comité d'Intérêts du Quartier Samatan attribue aux lauréats du Certificat d'Etudes de l'école de garçons, 3 rue du Vallon des Auffes et demeurant dans le secteur de son activité, un livret de caisse d'épargne. Le livre "Pédagogie vécue" justifie cette pratique courante ainsi que la fête de la distribution des prix.

Il y a avantage a conserver la fête annuelle de la distribution des prix dont l'organisation est d'ailleurs recommandée par les instructions officielles. Croit-on que ce serait agir dans l'intérêt des élèves de les priver des livres et des livrets de caisse d'épargne qu'ils reçoivent à l'occasion de la distribution des prix ? La lecture laisse dans les esprits de saines et durables impressions. Les livrets, tout en mettant les élèves en possession d'une petite somme, tendent à développer en eux le goût de l'épargne.


Vers 1960, la municipalité organise une distribution de prix solennelle dans le somptueux décor de l'Opéra de Marseille pour le meilleur élève de CM2 de chaque école.

 

Le certificat d'études

L'initiative de délivrer un certificat d'études primaires est laissée aux inspecteurs en 1866 ; puis l'organisation de ce diplôme pour les enfants de 12 à 16 ans devient obligatoire dans toutes les académies en 1882. L'examen comporte alors des épreuves sur le catéchisme, l'histoire sainte, l'orthographe et l'arithmétique.



Les candidats doivent répondre à des questions qui font appel tant au savoir et à la mémoire qu'au bon sens :
- Pourquoi le souffle réchauffe-t-il les doigts et refroidit la soupe?
- La pomme de terre est-elle un fruit, une racine ou une tige ?
- Quel est le tiers et demi de cent
-Quels sont les rois qui ont régné moins d'une année ?


Les innombrables "perles" des candidats font la joie des examinateurs. Ainsi en 1981, à la session spéciale des adultes qui se déroule à l'école du Pharo, un candidat interrogé sur la digestion décrit brièvement le trajet des aliments, bouche, estomac, intestin et conclut naïvement : "et après vous savez où ça va" !

 

 


Les bons points, les images, les billets de satisfaction, l'inscription au tableau d'honneur sont les principales récompenses après les notes, les compositions et le classement : les meilleurs élèves occupent les 1° rangées de bancs et les moins bons sont relégués au fond de la classe.

 

 

 


 

Les coopératives scolaires

Elles existent depuis plusieurs années lorsque les instructions officielles de 1923 les consacrent dans le chapitre Morale, comme "self government".

L'usage fait vite perdre de vue le fondement même de cette petite république : initier les enfants à la vie civique et à la vie sociale en les responsabilisant et en leur laissant prendre des initiatives. Si bien qu'une circulaire ministérielle de 1948 met les maîtres en garde contre une déviation de ce mouvement vers des buts plus matériels qu'éducatifs.

La méthode Freinet (imaginée par Célestin et Elise Freinet en 1920), basée sur une véritable coopération des élèves, des enseignantes et des parents, est pratiquée à La Gavelière de 1970 à 1992 (journal scolaire, classes décloisonnées, information des parents).

 

 

 

Une exposition annuelle d'Art Enfantin attire de nombreux visiteurs et comprend une partie consacrée aux autres activités de l'école maternelle dont les buts sont clairement exposés aux familles : exercices préparatoires à l'apprentissage de la lecture, sensoriels et moteurs, calcul vivant, graphismes, organisation des classes…..
 

Les cantines scolaires

Elles se généralisent lorsque l'enseignement devient obligatoire et gratuit en 1881-82, pour tous les enfants de 6 à 13 ans (dans tout Marseille leur nombre passe de 8 à 46, mais les documents trouvés ne renseignent pas sur celles de notre quartier).

En 1933, l'inspectrice des écoles maternelles marseillaises enregistre quelques améliorations au sujet des cantines, suite aux observations faites aux cantinières par les directrices : menus plus abondants, mieux choisis, dessert ajouté ."par ces temps de chômage, l'enfant n'est pas toujours bien nourri à la maison, mais s'il trouve à l'école une nourriture bonne et copieuse, il aura au moins fait un repas substantiel dans la journée."

La même année, le bureau fédéral des Associations de Mères de famille demande à Mr l'Inspecteur d'Académie de vouloir bien éviter l'envahissement par l'Ecole Primaire des réfectoires et des classes maternelles. L'I.A. répond qu'il se voit dans l'obligation d'accorder quelques autorisations temporaires…Lors de l'ouvertures du Cours Complémentaire Vallon des Auffes, en 1937, et en attendant la construction de l'école Châteaubriand, l'école de filles Marius Thomas, surchargée, utilise la cantine de La Gavelière comme salle de classe.

 

 

Le C.I.Q.Bompard doit intervenir auprès des services municipaux pour remettre de l'ordre dans des décisions illogiques.(lettre ci-dessus)

 

 

En décembre 1945, un état statistique nous apprend que la cantine de La Gavelière accueille des enfants d'une école voisine (l'école primaire) et que les repas complets sont gratuits pour 55 élèves (une classe a été fermée pendant la guerre, il ne reste que 75 enfants).

 



Les œuvres sociales à l'école

En 1921 naît l'œuvre du vestiaire des écoles maternelles dont le but est de distribuer des vêtements aux enfants nécessiteux qui fréquentent l'école, d'entretenir et de renouveler le matériel d'enseignement et resserrer les liens de solidarité entre les mères de famille. L'école de la Gavelière s'y rattache en 1930.

 
 


En 1942 le gouvernement de Vichy crée la Fédération Nationale des Œuvres Scolaires et Périscolaires de l'Enseignement Public dont le président et les membres du conseil d'administration sont nommés par le secrétaire d'Etat à l'Instruction Publique et à la Jeunesse. L'Association des Mères de Famille de la Gavelière est informée de ce changement. De plus, les enseignants doivent s'engager à ne pas adhérer à une association dissoute (reconstituée illégalement).
A l'école Bompard, en 1945, le poêle occupe le centre de la classe, créant des zones à température variable ; Mme Mein institue un roulement pour que chaque fillette puisse se réchauffer sur un banc proche du poêle. La quantité de bois de chauffage distribué par la ville étant insuffisante, les élèves apportent leur bûche quotidienne.

 



Après la guerre "le vestiaire" des maternelles est géré pour toutes les écoles par la directrice de l'école maternelle Hôtel des Postes (locaux de l'inspection des écoles maternelles).

Chaque année l'association organise deux colonies de vacances pour les enfants nécessiteux, remet une dotation de tabliers roses et de torchons à chaque école maternelle de la circonscription et organise avec le concours d'une trentaine d'institutrices volontaires un prestigieux gala.

Dans le cadre somptueux de l'Opéra de Marseille les petits chantent ou dansent devant une salle comble et conquise. Les bénéfices de deux spectacles alimentent la caisse de l'association.

 




Tabliers roses pour tous les enfants de La Gavelière en 1953.


Tabliers beiges à l'école Bompard en 1953.
 


Sur la scène de l'Opéra, les petits danseurs de La Gavelière obtiennent un succès mérité dans des numéros rythmés créés par leur directrice M. Lesous.

 


Les petits cyclistes sur les marches de l'Opéra en 1963.
 

 

 

De répétitions quotidiennes sont nécessaires dans la salle de jeux et dans la cour de l'école lorsque le temps le permet.

 




L'ART À L'ÉCOLE


  

A partir de 1965, les petits peintres de La Gavelière (Martine Jacomen, Nadine Daglio, Josiane Ditrento, Farida Ziani, Véronique Corsi, Patrick Durand…) participent avec succès aux Prix de la Peinture Jeune.  Les œuvres d'autres enfants paraissent en 1971 dans la revue de l'Ecole Moderne "art enfantin et créations".

L'école de la Gavelière participe activement à la Semaine de l'Art à l'Ecole : ci-contre, en mai 1988 le peintre Piotr Klemensievick commente ses œuvres pour les enfants de la maternelle.

 


Le chant choral à l'école de filles Plateau Bompard.

Le 8 juin 1945, accompagnées par Mme Mein, les fillettes de l'école vêtues de bleu, blanc, rouge, photographiées sur la Canebière alors qu'elles reviennent du Palais Longchamp où elles ont fêté la Victoire en chantant.


Colette Tronel, Monique Bonavia, Lucette Villa, Janine Tamburini, Christiane Barbançon,
Joséphine Picano, Mme Mein et Janine Cataldo derrière.


Les familles qui ont participé vers 1950 à la chorale du samedi soir organisée par Mme Mein, la revoient avec son diapason, dirigeant les chants à 4 voix, (hommes et femmes), harmonisés par Jean Mein, son époux, professeur de musique au Conservatoire.

Le chant est obligatoire à l'école primaire depuis une loi de 1882- innovation pas bien accueillie par les familles d'alors : "s'amuser" au lieu de "travailler" ! Nul ne conteste aujourd'hui la valeur éducative de cette discipline tant au point de vue physique, intellectuel que moral.

diplôme du C E P - 1934
 
Textes et documents photo, composition :
Monique Bonavia-Michelet.

Editeur : Association "La Butte Bompard"
Novembre 2000

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