Les écoles : organisation matérielle et pédagogique |
Les écoles | |||||||||||||||||||||||||||||||||
canevas de 1892
Le mobilier se modifie en fonction du matériel nouveau : les tables planes remplacent celles en plan incliné après l'apparition des bûchettes.
Relevés du mobilier scolaire en 1873. Mobilier usuel : 16 bancs à tablettes, 31 tables d'écriture, 31 bancs attenants, 1 table carrée, 4 bureaux avec estrade, 5 chaises hautes, 18 chaises ordinaires, 4 poêles, 5 tableaux noirs, 1 échelle, 5 placards, 2 caisses pour les balayures, 1 horloge, 2 plumeaux, 4 Christs *
Ecole de filles, vallon de l'Oriol (sœur St Tiburce de St Charles) : Mobilier usuel : 5 tables et bancs attenants, 4 bancs à tablette, 2 chaises hautes, 4 chaises ordinaires, 2 bureaux, 2 estrades, 1 tableau noir, 2 poêles, 1 pendule, 1 porte-manteaux, 2 Christs*, 2 arrosoirs, 2 pelles, 2 plumeaux, 1 caisse à balayures, 1 cruche en zinc, 1 placard.
Ecole publique de garçons du val. Oriol (directeur M Feraud) Mobilier usuel : 8 tables, 4 chaises, 1 bureau, 1 estrade, 2 tableaux noirs, 1 armoire, 1 pendule, 1 poêle et ses tuyaux, 1 enseigne, 1 croix*, 1 tête de loup, 1 arrosoir (tous ces objets servent depuis la création en 1866).
Mobilier usuel : 9 bancs, 36 tables, 4 chaises, 4 bureaux, 2 tables à dessin, 6 tableaux noirs, 6 marche-pieds, 4 escabeaux, 4 poêles, 5 armoires.
MOBILIER USUEL de l'école communale maternelle du quartier d'Endoume, en 1873, relevé par sœur St Théodulphe (sœur de St Charles) 2 Christs*, 8 porte tableaux, 8 touches*, 31 ardoises encadrées, 2 claquoirs*, 4 chaises ordinaires, 214 assiettes, 180 cuillers, 2 cuillers à soupe, 3 couteaux, 3 arrosoirs, 2 baquets, 1 corbeille, 1 tête de loup, 1 plumeau en mauvais état, 1 pendule, 12 tabliers, 24 torchons, 24 bancs, 12 tables pour manger en mauvais état, 1 table de cuisine, 1 table pour les gradins, 2 chaises hautes, 1 caisse à charbon, 4 brosses, 2 frottoirs, 1 échelle double, 2 poêles et garde-fou, 1 fourneau en mauvais état, 12 verres, 1 placard, 2 seaux, 2 marmites, 1 caisse de balayures en mauvais état. 2 lampes, 1 balai en crin. MOBILIER CLASSIQUE *Les touches : probablement gaules servant à suivre sur les tableaux . *Le claquoir ordonne traditionnellement les mouvements des fidèles pendant les messes ; dans les asiles, il rythme les séances de lecture. Le Comité Communal de Surveillance et d'Encouragement pour l'Instruction primaire, dans un rapport de 1845, constate que chez les sœurs "l'étude de la lecture occupe à l'asile un espace de deux années au moins, d'une manière si exclusive et si contraire aux dispositions de l'enfance qu'il lui est difficile d'en recueillir des fruits convenables". On retrouve sur la photo ci-dessous tous les détails du devis descriptif établi en 1904 avant la construction des écoles "Chanot". Une classe type (photo archives municipales). L'éclairage est fourni par des lampes à gaz (quatre pour les élèves et une sur bras articulé à l'usage du maître et des tableaux), le bureau du maître hissé sur l'estrade, encadré par deux tableaux noirs avec porte-craies, de grands instruments de géométrie en bois (équerre, rapporteur, règle, compas), une pendule et des cartes de géographie accrochés au mur, trois rangées de pupitres pour les élèves (encriers en porcelaine encastrés avoisinant les rainures prévues pour maintenir crayons et porte-plumes,) et bancs attenants, les bandes pour cartes posées sur le pourtour. Deux maximes de morale sont accrochées tout en haut du mur et on peut déchiffrer l'une d'elles : "Ne remet pas à demain l'épargne que tu peux faire aujourd'hui même"En 1933, les institutrices de maternelles manifestent leur mécontentement : certaines classes de 64 m2 sont éclairées seulement par 2 lampes de 25 bougies !
Le mobilier des écoles maternelles est prévu non seulement en fonction de la taille des enfants, mais aussi pour les activités spécifiques qui s'y déroulent, tel le bac à sable ci-dessous, le fauteuil avec accoudoirs et le banc à stalles de 1937 (rappelant la salle d'asile au temps de l'enseignement congréganiste).
Poêlerie : conformément au descriptif, "dans chaque salle de classe, de réfectoire et autre destinée aux élèves, il sera fourni et posé un poêle calorifère à socle rond, en fonte, avec tous les accessoires et ustensiles nécessaires, plaque en tôle d'un mètre carré clouée au sol, tuyaux en tôle douce, coude…Le poêle sera entouré d'une rampe circulaire…" (ci-dessous, photo Archives municipales)
Descriptif des écoles Chanot (1904)
Le fronton de l'école Marius Thomas devenue école mixte en 1974 Au-dessus de l'entrée est implantée une armature pour drapeau avoisinant le nom de l'école (communale de filles, de garçons ou maternelle) parfois inséré sur des carreaux de céramique décorés. Le tambour : dans les vestibules de logement et passages d'entrées d'école, des tambours vitrés en bois du nord, garnis de vitres à petits carreaux et panneaux dans le bas. Les portes vitrées de cabinets, conciergeries et autres ouvrants sur la cour sont munis de panneaux à la perruquière mobiles. La cour : les platanes devront être âgés de 10 ans, sains et droits… Les six arbres centenaires ombragent toujours la cour de "la Gavelière", agrémentée depuis 1975 d'un jardin et d'une aire de jeux.
*Le règlement de 1886 stipule "le français sera seul en usage dans les écoles". Les élèves pour ne pas être punis "francisent" les mots. Biasso en provençal est la musette.
Dans le cartable de l'écolier.
En cette année où Marseille célèbre ses 2600 ans et où on évoque l'histoire de Gyptis et Protis, beaucoup d'écoliers des années cinquante se souviennent des cahiers fournis alors par la ville : cahiers du jour aux couvertures bleues, roses ou vertes leur faisant découvrir les célèbres fiançailles à l'origine de leur cité ou l'expédition de Minorque, ou les cahiers de dessin les sensibilisant aux sculpteurs marseillais Pierre Puget. (le Milon de Crotonne) et Turcan (l'Aveugle et le paralytique). Cahier de modèles pour le maître (1925) et cahier d'élève (C P Bompard, 1951). Le règlement relatif à la tenue des cahiers (loi organique de 1886) cite les cahiers obligatoires dans les écoles primaires publiques : un cahier de devoirs mensuels, un cahier de morale, un cahier de roulement; sont facultatifs : le cahier de dessin et d'écriture (avec modèle du maître à l'encre rouge et reproduction à l'encre violette pour l'élève), le cahier de rédaction, le cahier de sciences physiques et naturelles, le cahier d'étude. Le plumier en bois abrite règle, gomme, crayons noirs "en cèdre odorant" et crayon "fuchsine" (dont la mine mouillée laisse un tracé violacé indélébile), plumes "sergent major" et porte-plume, porte-crayon d'ardoise et petite éponge (l'ardoise utilisée dans le procédé "La Martinière" permet un contrôle rapide des connaissances: le maître pose une question de calcul mental, les élèves écrivent la réponse sur l'ardoise et la montrent au signal). Les livres sont le reflet de la morale et de la vie quotidienne. Prose et poésie (1907), l'auteur commente ainsi les fables de La Fontaine "Le chat et le vieux rat" : quels détails charmants dans cette guerre toute de ruse et d'agilité. "La mort choisissant un premier ministre" : on ne pouvait exprimer de manière plus énergique les effets de l'intempérance. Arithmétique. Un cours de pédagogie conseille aux instituteurs d'offrir un caractère moral aux problèmes. Exemple : attirer l'attention des élèves sur le gain que peut réaliser annuellement un ouvrier économe ou sur les dépenses inutiles d'un intempérant. Les textes des problèmes choisis en vrac dans le "Pugibet" édition 1953, sont significatifs de cette époque : Si un ouvrier gagne 195 f par heure de travail et une mère de famille dépense 275 f par jour et par personne, si le prix d'une place de cinéma est de 120 f et qu'un père de famille dépense chaque samedi 90 f au café, les cyclistes ont toujours des problèmes d'horaire avec des trains qui se croisent et les citernes pleines d'essence se vident dans des bidons de 5 l. Cours d'orthographe. Glané dans le Bled édition 1946 : on rencontre le mauvais élève qui entend la voiture du laitier alors qu'une blanchisseuse étend le linge à la corde, le rémouleur aiguise les couteaux, le vieillard ne mendie pas son pain et les glaneuses rassemblent les épis de blé. Le matériel à l'usage des enseignants. A l'ère de l'ordinateur, il est intéressant d'observer l'évolution des procédés successifs de polycopie mis au service de l'enseignant. Ci-dessous, bulletin de 1933, polycopié avec le procédé de la pierre humide, trouvé dans les archives de "La Gavelière" et dans lequel la question est posée : peut-on recevoir les papas à l'association ?
A procédé manuel succède une ronéo à alcool munie d'une manivelle permettant de polycopier en couleurs les exercices.
Vers 1960, la municipalité organise une distribution de prix solennelle dans le somptueux décor de l'Opéra de Marseille pour le meilleur élève de CM2 de chaque école.
En 1971, un chapitre d'une revue consacrée à l'utilisation du magnétophone à l'école s'intitule "De l'objet magique à l'outil pédagogique". La radiophonie et le cinématographe sont devenus des auxiliaires de l'enseignement : la T.S.F. contribue à l'éducation littéraire et musicale des enfants avec des émissions récréatives et d'initiation, le documentaire illustre les leçons de sciences, hygiène, histoire- géographie, art.
L'organisation pédagogique des écoles primaires publiques selon la loi organique de 1886 définit le triple objet de l'enseignement : éducation physique, intellectuelle, morale ; l'emploi du temps comporte les leçons traditionnelles connues par toutes les générations suivantes : morale, écriture, français, arithmétique, histoire, géographie, dessin, chant, gymnastique. Cependant certains paragraphes du "Guide de l'instituteur" de 1896 paraissent bien curieux de nos jours:
Les instructions se modifient au lendemain des évènements importants de la nation : après la guerre 14-18, après la crise de 1936, après la Libération de 1945, après 1968 ; les programmes s'adaptent à l'évolution mentalités et aux découvertes scientifiques.
Cahier de répartitions mensuelles d'un instituteur en 1925
Depuis la laïcisation des programmes de 1882, l'enseignement moral et civique remplace l'enseignement religieux (programmes confirmés en 1923 et auxquels le gouvernement de Vichy n'osera pas toucher) ; l'instituteur doit faire mûrir et se développer les notions fondamentales de la morale éternelle et universelle. En 1886, les instructions précisent qu'il doit faire ressentir à l'enfant "la majesté de la loi morale" à l'aide d'exemples concrets (trois séances d'une demi heure par semaine) ; le précepte qui en découle est écrit sur le tableau noir et appris par cœur. Voici quelques points surprenants de ces programmes:
En 1930, le catalogue du matériel Nathan propose aux écoles maternelles, jardins d'enfants et classes enfantines des maximes à thèmes, destinées à l'affichage mural (les murs des classes sont équipés à cet effet de bandes en bois).
Avant 1940, la ville de Marseille offre à tous les élèves admis au Certificat d'Etudes un gros livre de prix à la couverture rouge et or ; le prix Rossolin récompense les meilleurs élèves des Cours Moyens. Des appareils robustes pour projection fixe (films fixes en rouleaux) sont mis au point par les fabricants. Ils équipent les écoles dans les années 30 ainsi que des appareils à films animés (Pathé-Baby). Deux tentatives (1923 et 1946) pour instaurer un certificat en deux parties, la première permettant l'accès à la classe de 6°, n'auront pas de suite. Tombé en désuétude le "certif" est supprimé en 1989.
Il y a avantage a conserver la fête annuelle de la distribution des prix dont l'organisation est d'ailleurs recommandée par les instructions officielles. Croit-on que ce serait agir dans l'intérêt des élèves de les priver des livres et des livrets de caisse d'épargne qu'ils reçoivent à l'occasion de la distribution des prix ? La lecture laisse dans les esprits de saines et durables impressions. Les livrets, tout en mettant les élèves en possession d'une petite somme, tendent à développer en eux le goût de l'épargne.
Le certificat d'études
Les candidats doivent répondre à des questions qui font appel tant au savoir et à la mémoire qu'au bon sens :
Les bons points, les images, les billets de satisfaction, l'inscription au tableau d'honneur sont les principales récompenses après les notes, les compositions et le classement : les meilleurs élèves occupent les 1° rangées de bancs et les moins bons sont relégués au fond de la classe.
Les coopératives scolaires L'usage fait vite perdre de vue le fondement même de cette petite république : initier les enfants à la vie civique et à la vie sociale en les responsabilisant et en leur laissant prendre des initiatives. Si bien qu'une circulaire ministérielle de 1948 met les maîtres en garde contre une déviation de ce mouvement vers des buts plus matériels qu'éducatifs. La méthode Freinet (imaginée par Célestin et Elise Freinet en 1920), basée sur une véritable coopération des élèves, des enseignantes et des parents, est pratiquée à La Gavelière de 1970 à 1992 (journal scolaire, classes décloisonnées, information des parents).
Une exposition annuelle d'Art Enfantin attire de nombreux visiteurs et comprend une partie consacrée aux autres activités de l'école maternelle dont les buts sont clairement exposés aux familles : exercices préparatoires à l'apprentissage de la lecture, sensoriels et moteurs, calcul vivant, graphismes, organisation des classes….. Les cantines scolaires En 1933, l'inspectrice des écoles maternelles marseillaises enregistre quelques améliorations au sujet des cantines, suite aux observations faites aux cantinières par les directrices : menus plus abondants, mieux choisis, dessert ajouté ."par ces temps de chômage, l'enfant n'est pas toujours bien nourri à la maison, mais s'il trouve à l'école une nourriture bonne et copieuse, il aura au moins fait un repas substantiel dans la journée." La même année, le bureau fédéral des Associations de Mères de famille demande à Mr l'Inspecteur d'Académie de vouloir bien éviter l'envahissement par l'Ecole Primaire des réfectoires et des classes maternelles. L'I.A. répond qu'il se voit dans l'obligation d'accorder quelques autorisations temporaires…Lors de l'ouvertures du Cours Complémentaire Vallon des Auffes, en 1937, et en attendant la construction de l'école Châteaubriand, l'école de filles Marius Thomas, surchargée, utilise la cantine de La Gavelière comme salle de classe.
Le C.I.Q.Bompard doit intervenir auprès des services municipaux pour remettre de l'ordre dans des décisions illogiques.(lettre ci-dessus)
En décembre 1945, un état statistique nous apprend que la cantine de La Gavelière accueille des enfants d'une école voisine (l'école primaire) et que les repas complets sont gratuits pour 55 élèves (une classe a été fermée pendant la guerre, il ne reste que 75 enfants).
Les œuvres sociales à l'école En 1921 naît l'œuvre du vestiaire des écoles maternelles dont le but est de distribuer des vêtements aux enfants nécessiteux qui fréquentent l'école, d'entretenir et de renouveler le matériel d'enseignement et resserrer les liens de solidarité entre les mères de famille. L'école de la Gavelière s'y rattache en 1930.
Chaque année l'association organise deux colonies de vacances pour les enfants nécessiteux, remet une dotation de tabliers roses et de torchons à chaque école maternelle de la circonscription et organise avec le concours d'une trentaine d'institutrices volontaires un prestigieux gala. Dans le cadre somptueux de l'Opéra de Marseille les petits chantent ou dansent devant une salle comble et conquise. Les bénéfices de deux spectacles alimentent la caisse de l'association.
Tabliers roses pour tous les enfants de La Gavelière en 1953. Tabliers beiges à l'école Bompard en 1953.
Les petits cyclistes sur les marches de l'Opéra en 1963.
De répétitions quotidiennes sont nécessaires dans la salle de jeux et dans la cour de l'école lorsque le temps le permet.
L'ART À L'ÉCOLE
Le chant choral à l'école de filles Plateau Bompard. Le 8 juin 1945, accompagnées par Mme Mein, les fillettes de l'école vêtues de bleu, blanc, rouge, photographiées sur la Canebière alors qu'elles reviennent du Palais Longchamp où elles ont fêté la Victoire en chantant. Colette Tronel, Monique Bonavia, Lucette Villa, Janine Tamburini, Christiane Barbançon, Joséphine Picano, Mme Mein et Janine Cataldo derrière. Les familles qui ont participé vers 1950 à la chorale du samedi soir organisée par Mme Mein, la revoient avec son diapason, dirigeant les chants à 4 voix, (hommes et femmes), harmonisés par Jean Mein, son époux, professeur de musique au Conservatoire. Le chant est obligatoire à l'école primaire depuis une loi de 1882- innovation pas bien accueillie par les familles d'alors : "s'amuser" au lieu de "travailler" ! Nul ne conteste aujourd'hui la valeur éducative de cette discipline tant au point de vue physique, intellectuel que moral. diplôme du C E P - 1934 Textes et documents photo, composition : Monique Bonavia-Michelet. Editeur : Association "La Butte Bompard" Novembre 2000 Reproduction même partielle non autorisée sans l'accord des auteurs. |